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Macron et la représentation

Institutions. Quand la crise de la représentation sert les desseins européo-mondialistes d’Emmanuel Macron.

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Macron et la représentation

Evoquer le hiatus entre « le pays légal » et « le pays réel » est devenu une habitude de pensée politique, sinon un lieu commun, tant la dichotomie, formulée et explicitée par Charles Maurras il y a plus d’un siècle, est passée dans le langage courant, obligeant, comble de l’ironie, la « médiacrature » à la reprendre telle quelle ou implicitement sous l’expression passablement éprouvée et, désormais, stéréotypée, de « France d’en haut versus France d’en bas ».

Une fracture systémique

Reste que cette formule met, mieux qu’aucune autre, l’accent sur cette fracture de plus en plus abyssale entre gouvernants et gouvernés, de sorte qu’il en résulte une distension du lien d’autorité emportant, par voie de conséquence, une crise de légitimité. Par un singulier effet d’optique déformant, l’on a attribué cette crise à un déficit de représentativité, imputable au seul Parlement et, plus spécifiquement, à l’Assemblée nationale.

Aux termes de l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958, « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du referendum », lesdits représentants ayant été assignés, depuis Locke, Sieyès et Montesquieu, à garder la chambre (basse ou haute) à des fins législatrices et de contrôle, sans que la monarchie ou la dyarchie de l’Exécutif ne se trouvât concernée par un quelconque office représentatif. C’est que le Parlement pouvait être représentatif à proportion de ce que ses membres devaient peu ou prou s’identifier à leurs mandants, tandis que les non-parlementaires – ou parlementaires transitoires ou formels, c’est-à-dire ceux immédiatement promus, par désignation discrétionnaire du Prince, à un portefeuille ou au primo-ministériat – n’étaient guère contraints par cet impératif d’identité démocratique !

Le principe du gouvernement représentatif butte ainsi sur la conciliation impossible entre démocratie et représentation. Il est vrai qu’un Bernard Manin, le théoricien du gouvernement représentatif (Principe du gouvernement représentatif, Flammarion 1996) en tient fermement – non sans talent par le didactisme séduisant de sa thèse – pour la dualité simultanément démocratique et aristocratique du régime représentatif, dualité qui serait spécialement entée sur le principe électif. Manin explique ainsi que « l’élection comporte indubitablement des aspects inégalitaires et aristocratiques, autant sa dimension égalitaire et démocratique est indéniable, pourvu que tous les citoyens aient le droit de suffrage et qu’aucune condition légale ne limite l’éligibilité ». Et d’ajouter, pour conférer le maximum de force à son argumentaire, que « surtout, tous les citoyens ont un égal pouvoir de démettre les gouvernants à l’issue de leur mandat. Personne ne peut nier l’existence de ce double pouvoir de sélection et de rejet, et il faut déployer des trésors de sophistique pour parvenir à la conclusion qu’il est négligeable ». L’on rappellera que pour le juriste Carl Schmitt, une telle dyade ne se conçoit que dans des termes alternatifs et non concomitants : « Il faut discerner quel sens l’élection revêt dans la situation concrète. Si l’élection doit fonder une véritable représentation, elle est l’instrument d’un principe aristocratique; si elle signifie seulement la sélection d’un mandataire dépendant, on peut la considérer comme une méthode spécifiquement démocratique » (Théorie de la constitution, PUF, 1993).

Une concentration du pouvoir

Or, in concreto – car c’est bien le cas concret qui nous intéresse ! –, force est de constater que l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République a assuré le triomphe de la logique aristo-élitaire sur la logique démo-populiste ; cette réalité s’est imposée dans une configuration politique, jusque-là inédite, les offres politiques traditionnelles, du PS aux Républicains, jusqu’au Front national, ayant été pulvérisées – pour les deux premières – sinon neutralisées ou minorées – en ce qui concerne le parti lepéniste –, le tout aboutissant à l’émergence d’une « majorité-godillots » face à une opposition disparate dont La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon fait office de protestations tribunitiennes. Il en ressort une coupure, paradoxalement, bien plus aggravée mais aussi bien plus nette entre les partisans de la société ouverte mondialisée et tous les tenants du « monde ancien » – pour parler la langue de Macron –, « la France périphérique » théorisée par le géographe Christophe Guilluy. D’où l’attrait qu’exerce le pouvoir sur tous ceux de droite ou de gauche qui se pensent « du monde de demain », en raison de leur posture idéologique ou de leur intérêt de carrière.

Le Parlement – notamment l’Assemblée nationale – a immanquablement subi les assauts centripètes du macronisme institutionnalisé. Tout d’abord en permettant l’entrée en masse de « la société civile » au sein de l’hémicycle, ce qui, bien loin de renforcer l’aspect démocratique de la chambre, en a accentué la connotation aristocratique. En effet, soumis à la plus exigeante discipline de vote, les députés LaREM sont également instrumentalisés par le pouvoir qui en fait des factotums dociles pour faire passer un certain nombre de textes législatifs, ainsi exemptés du filtre contraignant d’une délibération préalable en Conseil des ministres après avis du Conseil d’État (article 39 de la Constitution). Ensuite, notons que jamais un gouvernement, hormis, naturellement, en période de cohabitation, n’a eu autant recours à la procédure des ordonnances (articles 38), anciennement connues, du temps des républiques antérieures, sous le vocable de « décrets-lois », soit de véritables incursions « légales » du pouvoir règlementaire dans le domaine de la loi – en violation du principe de séparation des pouvoirs par leur caractère systématique et réitéré.

Sans nous appesantir sur la question, reconnaissons qu’aucun des partis de l’opposition ne s’est élevé contre ce qui s’analyse, à l’évidence, comme une captation du débat démocratique, preuve, s’il en est, d’une part, de leur inefficience, sinon de leur incapacité, à « représenter » une réelle opposition au pouvoir en place, d’autre part de l’innocuité d’une instance parlementaire qui se complaît structurellement dans la sensualisme anesthésiant des discussions sans fin.

Le dernier séminaire gouvernemental (1er mars) : le gouvernement n’est plus qu’une technique au service d’un projet. Politique magazine

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Une non-représentation systémique

Le tableau qui s’offre aux Français n’est alors pas des plus réjouissants puisque, in fine, ce sont eux qui vont subir les effets délétères de cette extraordinaire césure jupitérienne entre une classe politique minoritaire mais dominante – partis majoritaire et d’opposition confondus, les uns et les autres étant assurés de l’immunité que leur procure leur statut de membres du gouvernement ou leur mandat de représentants de la nation – et la masse des gouvernés, majoritaire mais, admettons-le, littéralement aboulique. Il est manifeste que ces gouvernés – à l’exception, bien entendu, de cette frange de l’électorat qui a porté Macron au pouvoir – ne sont absolument pas représentés par une « élite » qui a clairement fait le choix de l’européo-mondialisme marchand et nomade. Un tel mode de gouvernement invalide le système électif qui, par surcroît, ne porte nullement en lui la virtualité de voir intégralement renversée, sitôt les mandats remis en jeu, la politique – ou l’impolitique ou la mauvaise politique – de leurs usufruitiers. Qui supportera les grèves dans les transports publics qui s’annoncent aussi douloureuses que longues, sinon l’électeur moyen et le citoyen lambda ?

En l’occurrence, Emmanuel Macron s’inscrit dans le droit fil de ses prédécesseurs. Il est le parfait exécuteur des directives européo-bruxelloises, à la différence notable qu’il doit réussir là où ses devanciers auraient plus ou moins échoué. Sa méthode à la serpe que nous venons de décrire dans cet article, est la conséquence de la politique dite « ouverte » qu’il entend mettre en œuvre. Il y a quelques mois « la loi Travail », aujourd’hui le « big-bang » de la SNCF. Prochainement, l’introduction d’une dose de proportionnelle pour accélérer l’entrée des minorités visibles au Parlement. Et après ?

Aristide Leucate

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