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L’avenir de l’intelligence contre les Nations

Société. Les technologues numériques favorisent la constitution d’une petite élite intellectuelle, volontairement coupée du reste de la société – le quotient intellectuel des nations ayant, lui, tendance à diminuer. La mondialisation va-t-elle faire émerger deux humanités divergentes ?

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L’avenir de l’intelligence contre les Nations

Dans un livre controversé publié en 1994, The Curve Bell, le politologue Charles Murray et le psychologue Richard J. Herrnstein soutiennent une thèse qui va rester dans les annales : le quotient intellectuel, c’est-à-dire l’intelligence, va devenir de plus en plus déterminant pour se situer sur l’échelle sociale.

Le grand bouleversement en cours s’est accéléré ces dernières décennies pour prendre la forme d’un marché mondial des plus intelligents et des plus compétents entre la Californie des GAFA, l’Inde ou encore la Chine des BATX. Cette nouvelle compétition, qui est aussi une compétition entre puissances politiques, est en train de détruire la cohésion des anciennes nations au profit d’une « élite cognitive » mondialisée dont les faveurs garantissent croissance et prospérité.

La transformation du capitalisme

La montée en puissance de cette « élite cognitive » va de pair avec la transformation du capitalisme et les accélérations technologiques qu’elle a provoquées. Pour Edmund Phelps, le passage au XIXe siècle d’un capitalisme essentiellement marchand à un capitalisme moderne a eu pour effet de faire de l’innovation la locomotive du système économique.

Ce faisant, il a porté une nouvelle classe d’entrepreneurs, de chercheurs et d’expérimentateurs qui a changé la mentalité des élites traditionnelles. Phelps écrit dans son livre La prospérité de masse (2017) : « L’économie moderne transforme toute sortes de gens en concepteurs d’idées, de financiers en savants, de producteurs en distributeurs, des utilisateurs finaux en distributeurs ». Ce sont les idées nouvelles qui mènent le monde et font vivre l’économie de marché, ce cerveau collectif dont les connexions neuronales sont les intellectuels et les chercheurs.

La hiérarchie des salaires, des postes et des statuts n’est pour l’instant qu’assez marginalement bousculée par la nouvelle place accordée à l’intelligence. L’évolution, jusqu’à présent, était progressive, et même relativement lente, car d’autres facteurs liés aux hiérarchies sociales traditionnelles jouaient au même titre que la cognition dans la course aux postes et aux statuts.

L’accélération technologique de ces dernières décennies change la donne à toute vitesse. Les industries du futur, qu’elles touchent à la robotisation, au Big Data, à l’économie numérique et toutes ses déclinaisons possibles autour de l’intelligence artificielle, ne demandent qu’une petite poignée de spécialistes hyper-intelligents qui, malheureusement, pourraient monopoliser les postes les plus rémunérateurs et ne laisser que des miettes au reste de la population¹.

C’est l’intelligence des nations qui compte

L’économie favorise la constitution des plus intelligents en une élite coupée du reste de la société, ce qui a des conséquences sociales et politiques énormes. Elles se font ressentir en particulier aux États-Unis, où la partition cognitive du territoire décrite par l’essai de Charles Murray dans Coming Apart. The state of white America 1960-2010 (2012) est déjà bien avancée. Cette partition provoque à la fois la dégradation de l’environnement des moins aptes (pauvreté, criminalité, désocialisation) et l’indifférence au reste du monde des mieux disposés, enfermés dans leurs nouveaux ghettos de riches progressistes, entre New York et la Silicon Valley. C’est qu’en général, plus on est intelligent, plus on a de facilités à construire des relations sociales durables et bénéfiques.

L’économiste Garett Jones observe qu’existe un effet « de Vinci » attaché au quotient intellectuel² : en général, l’intelligence ne vient pas seule et agrège à elle d’autres qualités (émotionnelles, sociales) indispensables à la vie en société, ce qu’attestent différentes études scientifiques. Pour lui, ce n’est d’ailleurs pas tant l’intelligence individuelle qui compte que celle de la nation toute entière pour améliorer la coopération entre individus et le degré de prospérité générale.

Plus les gens sont intelligents, plus ils ont tendance à être patients, à comprendre les règles du jeu social et économique, et à les utiliser au plus grand bénéfice de tous. Inversement, moins les gens sont intelligents, moins ils sont patients, respectueux des règles et plus défiants. Les dix pays les plus riches et les plus productifs sont aussi les pays où le QI moyen est le plus élevé.

Immigration choisie

Comment faire pour améliorer le QI d’une nation ? La qualité de l’éducation, de l’environnement, et la nourriture sont souvent évoquées dans les causes de déclin ou au contraire de croissance du QI au sein d’un pays. Une autre variable, moins populaire auprès des médias, pourrait provenir de la sélection de l’immigration.

Les États pauvres, bureaucratisés et autoritaires, qui sont aussi des terres d’émigration, soumettent en règle générale des populations aux capacités cognitives plus limitées. Or l’Europe est l’objet d’une pression migratoire en provenance d’Afrique, qui, si on en croit le dernier livre de Stephen Smith La ruée vers l’Europe (2018), ne va cesser de s’intensifier dans les années à venir.

Ceci pourrait participer à creuser l’hétérogénéité cognitive en Europe, tant le QI moyen des populations d’Afrique subsaharienne paraît en dessous des moyennes européennes. La réalité du fossé est assez difficile à entendre pour des raisons évidentes, mais les études semblent concorder³. L’immigration en cours, pour des raisons cognitives, pourrait renforcer l’érosion de la coopération sociale dans son ensemble et enterrer définitivement les gouvernements libres, au profit d’États encore plus autoritaires et redistributifs, si la question migratoire demeure non résolue.

Spéciation de l’humanité

La pression grandissante pour la partition cognitive du social et du politique se fait aujourd’hui par le bas, par l’immigration. Pour Yuval Noah Harari, grâce aux progrès biotechnologiques, c’est le sommet qui pourrait faire totalement sécession en transformant l’inégalité économique en inégalité biologique. Les plus riches seraient à la fois les plus intelligents et pourraient, grâce à la technologie, augmenter leur intelligence bien au-delà de celui du citoyen ordinaire.

Le génie biologique associé à l’essor de l’Intelligence artificielle détruirait en conséquence l’unité de l’humanité elle-même : « (…) loin de favoriser l’unité générale, la mondialisation risque de se traduire par une ‘spéciation’ : la divergence de l’humanité en castes biologiques, voire en espèces différentes4. » Plus de raison commune entre Homo sapiens obsolète et Homo deus transhumaniste, donc plus d’avenir et de politique en commun.

La fin du modèle politique occidental ?

Le retrait des nations des « plus intelligents », tout comme le tassement général du QI en Occident pourraient inaugurer une nouvelle ère politique où la démocratie libérale serait obsolète. Comment en effet maintenir sous une même loi des individus aux natures si divergentes ? Pour John Rawls, l’unité de la démocratie est conditionnée au caractère raisonnable du pluralisme politique, moral et social qu’elle réglemente. Et si demain il n’y a même plus de raison commune à toute l’humanité ? Les défis à venir sont immenses.

Par Pierre Carvin

1. Tyler Cowen, Average is over, Powering America beyond The Age of Great Stagnation, Dutton, First Edition, 2013.

2. Garett Jones, Hive Mind. How your Nation’s IQ Matters much more than your own, Stanford Univ. Press, 2016.

3. Sur l’état du débat : Wicherts, Dolan, van der Maas, ‘A systematic Literature review of the Average IQ of Sub-Saharan Africans’ in Intelligence, numéro 35, 2010. Rappelons tout de même qu’il ne s’agit que de moyennes statistiques, et qu’il serait absurde, logiquement et moralement, d’en déduire une infériorité cognitive commune à l’ensemble de la population subsaharienne.

4. Yuval Noah Harari, 21 leçons pour le XXIe siècle, Paris, Albin Michel, 2018, p. 94.

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