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Covid-19 : la valse des milliards (la suite)

Les milliards pleuvent comme les printemps s’épanouissent. Mais quand il faudra rembourser, la France sera-t-elle capable de faire face aux échéances ? Impôts, spoliation ou inflation, le gouvernement aura besoin de la confiance des Français…

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Covid-19 : la valse des milliards (la suite)

Depuis le début de la crise sanitaire, l’unité de mesure est devenue la centaine de milliards. Personne ne réussit véritablement à saisir la grandeur que cela représente ; c’est simplement énorme… à la mesure de ce que le Gouvernement fait pour la population ! Sauf, qu’en fin de compte ce sera à la population de payer. À ce moment-là, les successeurs de ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui se poseront la question de savoir comment.

Le montant annoncé le 15 avril par le Premier ministre, Edouard Philippe, s’élevait à 110 milliards. Depuis ce chiffre a été revu à la hausse : le 15 juin, le président Macron évoquait 500 milliards. Un effort « d’une ampleur exceptionnelle », sans équivalent ! Et le 21 avril Gérald Darmanin nous a prévenu : « il n’y a pas de plafond à la dette ». De son côté la BCE a annoncé un plan de 750 milliards et laissé entendre qu’un autre de 600 milliards devrait être mis en place en octobre. Quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu.

Qui va payer ?

Hélas, contrairement à l’Allemagne, le pays ne dispose pas de réserves financières pour faire face à ce surcroît de dépenses, et comme le dit le prix Nobel d’économie, Jean Tirole[1], il n’existe pas « de monnaie magique » – c’était d’ailleurs pour cela que le Gouvernement avait promu une « politique d’austérité ». La France est déjà endettée au-delà du montant total de son PIB (qui fait à peine plus de 2 000 milliards) ; elle va donc devoir emprunter cette somme qui va venir s’ajouter à ses dettes structurelles qu’il faudra bien, un jour, soit annuler soit rembourser.

Annuler les dettes paraît difficile tant que celles-ci sont détenues par des banques privées, des fonds de pension ou des compagnies d’assurance, tant français qu’étrangers. Il faudrait, auparavant, que ces « investisseurs » aient cédé leurs créances à la Banque centrale, en contravention avec les traités européens dont la Cour de Karlsruhe vient de rappeler à l’Allemagne qu’elle doit les respecter ou en sortir. De plus on voit mal que la France puisse prendre une telle décision alors que tous les autres pays développés (les États-Unis comme la Chine) sont dans le même cas, et que les monnaies sont toutes définies les unes par rapport aux autres, sans aucune référence à une valeur externe objective. Qu’un pays annule ses dettes sans se coordonner avec tous les autres et c’est un véritable château de cartes qui s’écroule.

Comment, dès lors, honorer de telles dettes ? Jusqu’à présent, nos hommes politiques expliquaient que cela se ferait sans douleur le jour où la croissance repartirait. Ils omettaient de dire que malgré la croissance économique que l’on avait connue jusque-là, la France avait eu recours à un endettement de plus en plus massif. Si, malgré tout, la France peut encore emprunter « dans des conditions satisfaisantes », c’est parce que les « investisseurs » pensent qu’il est moins risqué pour eux de prêter de l’argent à la France qu’à l’Italie, l’Espagne ou la Grèce. Ils tablent sur le fait que le Gouvernement a encore le pouvoir d’augmenter les impôts ! Mais jusqu’à quand attendront-ils pour récupérer leur mise ? Et, s’ils considèrent un jour que cette récupération devient problématique, que risquent-ils de demander en échange ? Aujourd’hui, les taux sont bas. Mais les emprunts contractés ne sont que de courte durée. À leur échéance, si la France ne peut pas les rembourser, elle sera contrainte d’en demander la reconduction ; à quel taux ? C’est donc bien une épée de Damoclès qui menace les budgets futurs et l’équilibre économique du pays avec.

Si la croissance ne permet pas de mettre de côté les sommes nécessaires à l’amortissement de la dette, il faudra bien trouver une autre solution. Comme de nombreux emprunts contractés par la France l’ont été auprès d’investisseurs étrangers, on pourrait être tenté de procéder à une dévaluation. Mais la France n’est plus maîtresse de sa monnaie ni de son droit : elle n’a pas contracté tous ses emprunts selon le droit français et les sommes empruntées ne sont pas toutes remboursables en euros. Dès lors une dévaluation n’aurait qu’un effet limité – voire même pervers – sur le plan économique et serait désastreux au regard des relations internationales.

Comment répartir la charge du remboursement ?

En fait, quelle que soit la solution qui sera retenue ce sont bien les citoyens qui supporteront la charge du remboursement. Et pour cela le Gouvernement semble avoir le choix entre trois méthodes qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre.

La première à laquelle chacun pense, malgré ce qu’en a dit le président Macron, est l’accroissement de la charge fiscale pesant sur les nationaux, c’est-à-dire sur les ménages et les petites entreprises – car les grandes entreprises multinationales pourront toujours délocaliser le siège de constatation de leurs bénéfices. Cette charge fiscale peut être accrue de deux façons, soit en augmentant les taux d’imposition (un point de plus sur la TVA, une tranche supplémentaire de l’impôt sur le revenu, un alourdissement des taxes foncières, la suppression des abattements sur les droits de succession…) soit en élargissant la base imposable (diminution du seuil en-dessous duquel un ménage est non imposable, suppression des niches fiscales, nationalisation des sols sur lesquels sont bâties les maisons assortie du paiement d’un « loyer » à l’État pour l’occupation du sol, rétablissement de l’impôt sur la fortune…).

La deuxième a été préconisée par l’Union européenne, dans le cadre d’un « plan de sauvetage des banques » au cours de la crise précédente. Il s’agit de la spoliation de tout ou partie de l’épargne. Cette solution est d’autant plus dans l’idée des hommes politiques que, depuis plusieurs années, on répète aux Français qu’ils sont les champions de l’épargne et que l’économie nationale pâtit du fait qu’ils ne consomment pas assez. Aujourd’hui, sans qu’il soit besoin de changer un texte, l’État peut décider de ponctionner les comptes en banque au-delà de 100 000 euros. Au moment de la mise en place de ce mécanisme, les Grecs et les Chypriotes ont eu à en connaître. Ce procédé est d’autant plus facile à mettre en œuvre que les paiements ne se font plus en espèces mais par cartes, virements ou prélèvements, obligeant ainsi chaque citoyen à laisser tous ses avoirs financiers à la discrétion des pouvoirs publics.

Reste la troisième solution, qui est l’inflation. Pour nombre d’économistes, cette solution serait la moins douloureuse car elle pourrait être étalée dans le temps. Mais, en réalité, cette solution est probablement celle qui est la plus difficile à contrôler car son rythme dépend plus du désir de consommation des citoyens et des limites à l’accroissement de la production (qu’elle soit nationale ou internationale) que des décisions des pouvoirs publics. Si les pouvoirs publics fournissent les moyens de l’inflation (masse monétaire en circulation), ils n’en fournissent pas les causes (augmentation du désir de consommation au-delà de la production disponible). On constate d’ailleurs que, tout au long de ces dernières années, les banques centrales ont visé un taux d’inflation considéré comme idéal (2 %) sans jamais l’atteindre. Plus elles ont augmenté la masse monétaire en circulation, plus celle-ci est passée dans une « trappe financière ». L’inflation n’a pas été au rendez-vous mais des « bulles » se sont développées dont certaines ont fini par exploser. Car l’inflation n’est pas qu’un phénomène monétaire purement mathématique. Elle dépend de la psychologie des ménages et de leur désir de consommer. Dans une société d’abondance, lorsque les besoins primaires et même secondaires semblent comblés, un surcroît de pouvoir d’achat ne suscite pas obligatoirement une demande supplémentaire des mêmes biens mais se retrouve en partie dans la spéculation financière. Dès lors, au lieu d’alimenter l’inflation, il vient faire grossir des « bulles ».

Quel sera le choix du Gouvernement ? Quel qu’il soit, il communiquera exclusivement sur la solidarité et la justice sociale. Il est normal que les plus riches supportent la charge la plus élevée. Mais comme ces arguments ont été utilisés sans retenue pour accroître l’omnipotence de l’État, ils sont devenus des slogans auxquels beaucoup ne croient plus. De plus dans un monde terriblement individualiste, chacun regarde désormais, non pas comment est réparti le fardeau entre tous, mais quel poids lui-même supporte. La réussite de la sortie de crise – qui aura un coût élevé – va donc essentiellement reposer sur le degré de confiance que le Gouvernement va savoir susciter et sur le degré de cohésion nationale qu’il va être capable de maintenir.

[1] Il a été nommé président de la commission d’économistes mise en place par le président Macron pour proposer un « changement de logiciel économique » (sic).

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