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LA DECONSTRUCTION : DE L’HERMETISME DERRIDIEN A L’HERMENEUTIQUE MACRONIENNE

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LA DECONSTRUCTION :  DE L’HERMETISME DERRIDIEN A L’HERMENEUTIQUE MACRONIENNE

La modernité serait-elle le résultat d’une régression d’ordre infantile, voire le signifiant de cette régression elle-même ? Un auteur comme Jacques Derrida (1930-2004) nous incite à le penser. Le jeune enfant, qui ne serait pas guidé et soutenu par la férule, certes bienveillante mais inflexible du tuteur ou du maître, est enclin à ne bâtir que sur du sable, livré aux impétueux courants de ses désirs incontinents et contradictoires. Son château une fois édifié sera balayé par sa petite main aussi maladroite qu’irascible et capricieuse, cette destruction provoquant probablement, aux tréfonds de sa psyché encore incertaine, un cataclysme mystérieux que sa raison toute juvénile est impuissante à éclairer. C’est alors que, désordonné, erratique, hésitant, il partira en quête d’autres aventures ludiques qui l’affronteront à d’autres murs d’incompréhension toujours plus inexpugnables. L’homme (hyper)moderne est cet enfant qui, face à l’autorité, l’histoire, la religion, les mœurs, ne s’embarrasse pas de sens, de logique, d’ordre, d’héritages : il détruit, déconstruit et refaçonne à sa guise, en fonction de ses goûts et dilections du moment. Bref, construire, déconstruire, reconstruire, détruire participe pleinement du jeu. Pour le moderne hédoniste – ou postmoderne (lequel n’est que le moderne en transit entre le moderne proprement dit issu des Trente Glorieuses et l’hypermoderne, soit l’acmé d’une modernité parvenue à un stade suprême, dont le transhumanisme serait la première marche) –, l’existence ne serait rien d’autre qu’un parc d’attractions.
La référence au jeu nous est suggérée par Derrida lui-même qu’il substitue au logos, dans l’objectif de défier ouvertement les fondements de la philosophie occidentale, à commencer par la métaphysique. Dans L’Écriture et la différence (1967), il définit le jeu comme « un système dépourvu de centre, qui permet des déplacements et des transformations infinies sans que rien ne vienne l’arrêter ». Au prix d’une interprétation dévoyée de la pensée de Nietzsche et de ses prophéties zoroastriennes sur l’assomption de ce que Derrida – prenant, sans doute, ses désirs nihilistes pour des réalités révolutionnaires – nomme le « peut-être » – qu’il emprunte, en l’extrapolant, au Par-delà le bien et le mal de l’Allemand – Derrida, donc, propose de « démonter », démembrer, démantibuler cette pensée occidentale, de Platon à Kant, jusqu’à Husserl et Heidegger – de la « Destruktion » duquel il s’inspirera pour forger sa propre « déconstruction » – jugée trop contrainte et limitée. Mais à quelles fins ? Derrida ambitionnait de dépasser le « logocentrisme » à l’œuvre, selon lui dans toutes les théories de la connaissance, en philosophie, comme en littérature et, plus tard, dans, l’art, la politique, l’histoire, etc.
Constater que la déconstruction est à l’origine des gender studies, des cultural studies, des queer studies, comme de ses avatars, féministes, décoloniaux, indigénistes ou trans/inter-sexués que sont le political woke, ou la cancel culture, revient cependant à camper au milieu du gué, si l’on ne conserve présent à l’esprit que le dessein d’une doctrine aussi corrosive est de s’attaquer par principe à toute anamnèse sur les origines de ce qui constitue notre être primordial en tant qu’héritier d’une multiséculaire civilisation gréco-latine, judéo-chrétienne et germano-celte. Le « logocentrisme » de la métaphysique occidentale ainsi déconstruit laissait entrevoir ce que Derrida n’hésitait pas à appeler le « phallogocentrisme ». Dès cet instant, en rupture radicale avec les permanences et les invariants anthropologiques, c’est, comme un mot d’ordre lancé tous azimuts, la totalité de l’édifice moral, spirituel, culturel, intellectuel de l’Occident qui devait s’écrouler tel un vulgaire château de cartes (autorité, transmission, transcendance, rapports au beau, au juste, décence commune, sens des limites, etc.). À l’époque de Derrida, soit dans les années 1965-1975, l’enjeu de la déconstruction était de faire pièce au structuralisme alors triomphant dans toutes les sciences humaines. En pulvérisant les cadres conceptuels hérités de la linguistique saussurienne, la théorie de la déconstruction tendait, par là-même, à les discréditer – notamment en ringardisant les classiques oppositions masculin/féminin, vérité/mensonge, esprit/corps, essence/existence, etc. – et à laisser place nette à un poststructuralisme de nature expérimentale – dont la création de l’université de Vincennes en 1968 sera le poste avancé.
Si Derrida assumait de ne jamais pouvoir apporter une définition précise de la déconstruction, métonymie ambivalente de l’indécidabilité, de l’indifférenciation, de l’indétermination, de la polysémie, de la ductilité, de la labilité – en résumé, de l’auberge espagnole et du capharnaüm –, gageons que des continuateurs, tel Emmanuel Macron, lançant le 18 avril 2021, à une journaliste américaine de CBS, que « nous devons déconstruire notre propre histoire », sauront en faire un usage herméneutique qui éclairera l’hermétisme déconcertant du maître.

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