C’est entendu, une fois pour toute, assimilé, gravé dans la pierre telles les tables de la Loi : l’Occupation constitua « les heures les plus sombres de notre histoire », non en raison de notre défaite, de notre humiliation et des malheurs de la France mais parce qu’en ces jours, les Français se montrèrent sous leur vrai jour et, révélant quels salauds ils étaient en réalité, se firent complices agissants de la Shoah …

Brodant sur ce sinistre contexte, Romain Slocombe met en scène l’inspecteur Léon Sadorski, flic des renseignements généraux en charge des affaires juives.

Sadorski est l’ordure des ordures : libidineux, abusant des jeunes femmes en perdition, trompant son épouse, torturant, mentant, dénonçant, le tout avec la bénédiction d’un curé complaisant car la crapule est bon catholique.

Donc, ayant dénoncé sa voisine juive afin de mettre le grappin sur Julie, sa fille de quatorze ans dont les charmes juvéniles l’affriolent, la sale bête joue un affreux double jeu pour attirer l’adolescente dans son lit, tout en dépistant les « terroristes » rouges et communistes.

Slocombe a énormément lu avant de se lancer dans la rédaction des aventures de Sadorski, c’est indéniable. Mais, de cette énorme documentation, il a tiré, sur fond de rafle du Vel’ d’Hiv’, un pavé manichéen et inventé un personnage si parfaitement ignoble et odieux qu’il est impossible d’y croire une seconde.

Romain Slocombe : L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski, La Bête Noire, Robert Laffont. 585 p. 21,50 €.