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Madame Taubira passe son examen d’entrée chez les Précieuses

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Madame Taubira passe son examen d’entrée chez les Précieuses

La présidente du jury prend la parole :

– Vous n’êtes pas sans ignorer la difficulté de l’examen où vous avez voulu vous présenter. J’espère que vous mesurez bien le risque que vous encourez, au cas où vous échoueriez ?

La postulante, redressant fièrement le buste :

– J’aime prendre des risques quand il y va de ma gloire. Pour tout dire, je me sens même mieux d’être un peu méprisée par ce ramassis d’envieux et de médiocres qui tentent vainement de monter l’opinion contre moi. Je sais bien que le peuple véritable admire mon œuvre et approuve mes décisions en faveur de la démocratie.

La présidente, tortillant son corps gracile sur son siège, montre un peu d’agacement :

– Nos salons n’apprécient guère la démocratie, vous ne l’ignorez pas.

– C’est sur ce point précisément que je prouverai combien je mérite d’entrer dans votre aréopage. J’ai bien compris que le fondement même de la préciosité consiste dans le goût du secret et, afin de le satisfaire, à ne jamais employer le mot propre pour désigner quoi que ce soit, mais quelque terme ou tour détourné de son sens premier. Ainsi, lorsque nous parlons de « nos chers souffrants », quel béotien pourrait imaginer que nous désignons nos pieds ? De même, lorsque je soutiens travailler en faveur de plus de démocratie, qui pourrait songer que c’est à plus d’aristocratie que j’œuvre ? Vous-même, Mme la Présidente, vous êtes laissée prendre, n’est-ce pas ?

– Au moins je vous l’ai laissé penser, chère madame Taubira.

– Sans doute, sans doute, répond la postulante un peu troublée et dont les yeux noirs fulgurent un court instant.

Mais elle se ressaisit très vite et reprend plus paisiblement :

– Je crois néanmoins devoir préciser le fond de ma pensée. Dans ce cénacle préservé, je serai franche, afin que vous mesuriez parfaitement l’importance de m’accueillir parmi vous. Je sais que vous êtes toutes, Mesdames, de la meilleure condition et que votre appartenance à la noblesse la mieux établie ne fait aucun doute. Aussi pouvez-vous, à cause même de cette haute extraction, vous égarez sur ce que j’entends par l’aristocratie. Certes, il n’y a aucun doute, l’aristocratie est la classe formée des meilleurs, et le système aristocratique vise à donner le pouvoir aux meilleurs, à celles et ceux qui l’emportent sur le menu peuple par des qualités éminentes. Allons plus loin ensemble, si vous voulez ben me suivre dans mes pensées.

– Allez toujours, acquiesça la présidente narquoise, en se calant contre son dossier.

– Un homme qui a décidé de vivre selon ses propres choix, rejetant les lois et les mœurs moutonnières, qui a tué pour s’affirmer, torturé pour s’amuser sans contraintes, voler pour s’attribuer les biens que le Ciel lui destinait et que des sots pensaient pouvoir garder effrontément, cet homme-là que chacun croit pouvoir appeler un criminel, n’est-il pas un aristocrate par la force de ses convictions, par le courage dont il fait preuve chaque jour pour vivre en les mettant en œuvre, par l’habileté dont il fait montre pour échapper à la police des capitalistes haineux ?

– Je comprends votre raisonnement, chère Madame, qui n’est pas nouveau ; je veux bien l’approuver, mais il y a chez vous un manque de cohérence qui me gêne : pourquoi ne dites-vous jamais dans vos discours publics que les criminels sont des aristocrates, ou au moins, en langage détourné, de vrais démocrates ?

La postulante sourit avec un dédain qu’elle ne parvient pas à contrôler ; très vite cependant, elle replace ses lèvres pour former une lippe citoyenne, et elle dit :

– Mme la Présidente, croyez-vous qu’il est possible d’employer les mots qui nous satisfont dans le monde où nous devons vivre ordinairement ? Pensez-vous qu’une femme mue par l’idéal de la préciosité puisse aujourd’hui l’afficher comme il était possible aux temps anciens de votre grandeur ? Eh bien non ! cela n’est plus possible. Il faut aujourd’hui un langage beaucoup plus subtilement dévoyé, afin que les braves gens ignorent que nous sommes des précieuses et que nous parlons une langue qui leur est étrangère. Je suis donc amenée à désigner ces héros admirables par de nouvelles inventions langagières. J’ai choisi de les appeler des victimes d’une société bourgeoise inhumaine. Victimes ! quel mot admirable. Il fait applaudir la cohue des niais, il me vaut de passer pour une défenderesse des malheureux, une âme sensible et bonne.

– Ce que vous n’êtes pas ?

– Bien sûr que si ! Ma bonté éclate dès que j’ouvre la bouche, ma sensibilité à fleur de peau fait verser des larmes aux mères, aux sœurs, aux épouses des assassins, que je protège de mon amour indéfectible !

– Calmez-vous ! Nous aurions bientôt l’impression que vous tentez de nous mettre dans la même corbeille que ces femmes…

– Cela vous gêne ? Il suffit alors de changer le nom qu’on leur donne. Que diriez-vous de les appeler « les pleureuses de la tendresse bafouée » ? Ou même, plus audacieux – mais il faut de l’audace disait Danton, encore et toujours plus d’audace – appelons-les « les madones de la Justice indignée », avec un J majuscule. Car dire qu’un mot possède une majuscule lui donne soudain une majesté qui en bouleverse le sens. L’histoire avec un h minuscule n’est que « bruit et fureur », mais l’Histoire avec un H majuscule est la pourvoyeuse du Progrès, la mystérieuse déesse qui fait naître l’Avenir, celui qui a un A majuscule et ne désigne plus le sombre brouillard des choses futures, mais le Paradis vers lequel nous marchons nécessairement.

La présidente se leva et coupa sèchement la parole à la postulante exaltée :

– Vous venez d’échouer, madame. Vous pouvez vous retirer.

– Échouer, moi ? Vous plaisantez ! Vous ne trouverez pas meilleure précieuse que moi dans toute la France de gauche, et même de droite !

– Non, madame. Vous n’avez rien compris à la préciosité. Il ne s’agit pas par son moyen d’aligner des sottises et de tromper le monde, mais de jouer poétiquement avec le langage pour s’amuser entre femmes d’esprit. Votre projet ne consiste en rien de cela, mais plutôt à renverser toutes choses cul par-dessus tête afin de les rendre plus mauvaises qu’elles ne seraient d’elles-mêmes.
– Comment pouvez-vous employer ce mot tellement bas, vous, madame la Présidente ?

– Parce qu’il arrive un moment de colère où l’envie vous prend de botter cette partie du corps à ceux qui dépassent les bornes. Vous en êtes. Sortez donc prestement, avant que nous ne mettions nos gestes en accord avec nos désirs brutaux.

Et voilà pourquoi Mme Taubira ne pourrait se faire passer pour précieuse que par usurpation.

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