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Cheap Sex : libertés et liens à l’ère de la libération sexuelle

Poursuite de la discussion entre Aristide Renou et Charlotte Brune à propos du livre de Mark Regnerus, Cheap Sex.

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Cheap Sex : libertés et liens à l’ère de la libération sexuelle

La plus belle fille du monde, nous dit la sagesse populaire, ne peut donner que ce qu’elle a. De la même manière, le meilleur compte-rendu du monde ne saurait être autre chose que ce qu’il est, un compte-rendu.

Ainsi, lorsque Charlotte Brune affirme, en substance, que je ne « prouve » pas ce que j’écris, elle a absolument raison.

Mon propos, dans l’espace très restreint de cet article, n’était absolument pas, et ne pouvait pas être, de « prouver » ce que j’avance. Il était, bien plus modestement, de convaincre le lecteur de l’intérêt du livre de Mark Regnerus et de l’inciter à le lire.

Mais la critique de Charlotte Brune me donne l’occasion de préciser certains points de mon propos que, par la force des choses, j’ai dû traiter de manière très succincte, même si je crois l’avoir fait sans écrire quoi que ce soit de contraire à la vérité – tel du moins que je la perçois – et en avertissant le lecteur attentif que je prenais des raccourcis. Je le ferai notamment en citant des extraits d’une première version de ce compte-rendu, l’article publié par Politique Magazine étant, pour des raisons éditoriales, une version abrégée.

Cette critique m’a remis à l’esprit une vieille plaisanterie sur les différences hommes/femmes :

Lui : le problème avec les femmes c’est qu’elles prennent tout de manière personnelle.

Elle : cette remarque ne me concerne pas.

Charlotte Brune me pardonnera certainement cette légère moquerie, puisqu’elle-même n’est pas étrangère au procédé.

L’une des difficultés, lorsque l’on traite de la question des différences entre les sexes, est de bien garder à l’esprit qu’il s’agit de vérités générales, qui valent pour la plupart des hommes et la plupart des femmes la plupart du temps, et pas du tout de vérités universelles valables pour tous les hommes et toutes les femmes. Une autre est de ne pas outrer le propos de votre interlocuteur : affirmer qu’il existe des différences permanentes (et naturelles, mais oui) entre les hommes et les femmes ne signifie pas en faire des créatures appartenant à deux espèces différentes. Hommes et femmes sont à la fois semblables et différents mais, comme il faut nous soutenir par le bord où nous penchons, de nos jours il convient plutôt de rappeler les différences.

Ainsi, lorsque Charlotte Brune écrit que, selon moi, les femmes « subissent » le sexe qui « en soi ne les intéresse pas », elle m’attribue une position qui n’est absolument pas la mienne. Bien sûr que le sexe intéresse les femmes, Dieu merci ! Simplement, de manière générale, les femmes n’ont pas le même rapport à la sexualité que les hommes.

De même, je n’ignore nullement que « il existe des femmes pour qui l’accouplement ne suppose pas d’espoir de mise en couple, de manière tout à fait comparable au dom juanisme masculin qui collectionne les conquêtes ; et des femmes qui aiment le sexe pour lui-même, sans recherche immémoriale du Prince. »

Mon propos ne repose pas sur l’idée que ce genre de femmes n’existeraient pas, mais simplement sur le fait qu’elles sont moins nombreuses que les hommes. Ce pourquoi je dis « plus souvent » et « moins souvent ».

Un marché de la sexualité

Voici ce que j’écrivais dans la première version de mon compte-rendu, qui permettra, je l’espère, de dissiper tout malentendu à ce sujet : « Bien entendu les femmes, ou en tout cas certaines d’entre elles, sont tout à fait capables d’apprécier et de rechercher des aventures sans lendemain, de même que les hommes ne recherchent pas simplement le plaisir sexuel, mais aussi à satisfaire un besoin de « conjugalité ». Mais ils ne le recherchent pas avec la même intensité et aux mêmes périodes de leur vie. La période des « aventures sans lendemain » est en général courte pour une femme, et elle est loin d’être systématique. Elle est en revanche très répandue chez les hommes et peut se prolonger fort tard dans l’existence. Sur le marché de la sexualité, ce sont donc essentiellement les hommes qui demandent du sexe et les femmes qui en offrent, en échange d’autre chose. »

Il n’y a pas besoin que ce déséquilibre soit très important pour produire des effets de grande ampleur. Il suffit qu’il y ait un peu moins de femmes que d’hommes qui recherchent des aventures sans lendemain, mettons 40/60, pour que se mette en place le mécanisme décrit par Mark Regnerus. C’est la magie des grands nombres, si l’on peut dire…

J’en viens au « deuxième paradoxe » que Charlotte Brune trouve dans mon compte-rendu : « Pourquoi le propos n’est-il pas d’en conclure qu’elle dégrade l’humanité entière, hommes et femmes, puisque le vrai sujet du livre de Regnerus est de redonner de la valeur à un principe moral d’organisation de la société aujourd’hui jeté aux orties ? »

Il n’y a là nul paradoxe, juste l’espace très limité d’un compte-rendu. Puisque les mots m’étaient comptés, j’ai choisi de mettre en exergue ce qui est peut-être le point le plus paradoxal de la « libération sexuelle » : les femmes sont censées en être les grandes gagnantes, puisqu’elles ont gagné la « maitrise de leur fécondité » et le droit de se conduire sexuellement comme les hommes, et pourtant elles en sont les grandes perdantes. Ou, dit autrement, la « libération sexuelle » favorise bien plus les désirs masculins que les désirs féminins.

Libération sexuelle et désintégration de la cellule familiale

Mais il est tout à fait exact que la « libération sexuelle » affecte négativement tout le monde, pas seulement les femmes, mais aussi les hommes, les enfants, et la société tout entière, puisqu’elle a eu pour conséquence une désintégration partielle de la cellule familiale. On peut retrouver la « libération sexuelle » derrière un grand nombre de pathologies sociales. Seulement il faudrait plusieurs livres pour développer tout cela.

Et, pour terminer sur ce point, et éviter un éventuel malentendu : ce que désirent les hommes (la partie masculine de l’humanité) n’est pas nécessairement ce qui est le meilleur pour eux sur le long terme. Les hommes sont globalement très satisfaits d’avoir un accès beaucoup plus aisé au corps des femmes. Depuis toujours les hommes ont rêvé d’une sexualité bon marché. Mais ce qui nous plait n’est pas identique à ce qui est bon pour nous.

Relation durable plus difficile

Charlotte Brune n’est manifestement pas convaincue par ce que j’écris au sujet de la pilule contraceptive. Ce qui est son droit le plus strict. Mais il n’est pas sûr qu’elle ait saisi mon argument.

Elle écrit : « Si la pilule se retourne contre la femme, selon l’auteur, c’est parce qu’elle l’empêche de se refuser ! » et encore : « Que l’auteur se rassure : une femme sait parfaitement dire « non » à un homme qui lui plaît ». C’est-à-dire qu’elle m’attribue une position maximaliste, qui en effet n’est pas raisonnable, mais qui n’est pas la mienne.

Bien sûr qu’une femme sait dire « non » à un homme qui lui plait et bien sûr qu’il lui est encore possible de se refuser malgré l’existence de la pilule (de même que, inversement, je n’ai jamais prétendu que l’absence de pilule permettait toujours à une femme de se refuser, comme le suggère Charlotte Brun). Je n’ai jamais dit le contraire. Je me borne à affirmer que la « libération sexuelle » rend plus difficile de ne pas coucher dès le premier stade d’une « relation », et avant que la femme n’ait obtenu des gages qu’il s’agit bien d’une relation durable. Pas impossible, plus difficile. C’est-à-dire que ce refus a un prix : le risque de l’incompréhension, le risque de voir partir un homme qui vous plait, le risque de ne pas parvenir à établir cette relation durable dont la plupart ont, malgré tout, envie.

Engagement et sexualité

(D’ailleurs, à ce propos, il peut être bon de rappeler que, pour les femmes, engagement et sexualité satisfaisante sont assez étroitement liés, à la différence des hommes. Comme je l’écrivais dans la première version de mon compte-rendu : « Même du simple point de la qualité des rapports sexuels, le nouveau régime n’est pas forcément une bonne affaire pour elles. Comme le rappelle Mark Regnerus, statistiques à l’appui, chez les femmes le plaisir sexuel est très étroitement corrélé à la stabilité perçue de la relation, ou à l’espoir d’une relation stable. Pour le dire trivialement, les rencontres d’un soir produisent peu d’orgasmes féminins. »)

J’en termine avec le dernier paragraphe de la critique de Charlotte Brune. Elle semble déplorer que la « société patriarcale résiduelle » ait du mal à accepter la liberté féminine, ce qui « l’empêche sans doute de refonder le lien devenu si fragile entre les hommes et les femmes. »

De fait, le lien hommes/femmes est devenu fragile. Les statistiques sur les divorces, les séparations, et sur la solitude subie, en attestent amplement. Et cela semble préoccuper Charlotte Brun, à juste titre. Cependant elle écrit : « dans le couple la liberté à un coût, mais elle n’a pas de prix. » Ce qui revient à dire que la liberté est la chose la plus précieuse qui soit. Autrement dit, elle voudrait établir un lien « conjugal » solide entre des individus qui désirent par-dessus tout rester libres. Cela ne peut pas fonctionner ainsi, et nous le voyons tous les jours autour de nous. Un couple est une œuvre commune, qui exige des efforts et de renoncements, particulièrement lorsque, comme cela arrive encore la plupart du temps, ce couple devient une famille. Comment fournir ces efforts durant 10, 20, 30, 40, 50 ans lorsque l’on est persuadé que « la liberté n’a pas de prix » ? Certains continueront à y parvenir, bien sûr, mais nous n’avons pas le droit d’être étonnés que beaucoup échouent.

La société patriarcale est morte depuis bien longtemps

De la même manière, l’idée exprimée par Charlotte Brune dans son dernier paragraphe, qu’il vaut mieux être seul que mal accordés, est certainement vraie dans l’abstrait. Mais en pratique, lorsque l’idée que l’on se fait de ce que c’est qu’être « bien accordés » est devenue aussi exigeante qu’aujourd’hui et qu’on la combine avec la certitude que « la liberté n’a pas de prix », cela ne risque-t-il pas de se transformer en excuse toute prête pour partir à la première difficulté sérieuse ? Le livre de Mark Regnerus en offre de nombreux témoignages, pour qui aurait besoin d’une confirmation.

La « société patriarcale » est morte depuis bien longtemps, paix à ses cendres. Ce n’est pas elle qui nous empêche de « refonder le lien entre les hommes et les femmes », ce sont simplement les limites de notre condition. Nous pouvons avoir plus de libertés, et notamment plus de liberté sexuelle, ou des liens conjugaux et familiaux solides. Nous ne pouvons pas avoir les deux à la fois.

Par Aristide Renou

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