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« Une paroisse doit être comme une fontaine au milieu d’un village. »

Un entretien avec le père Pierre Vivarès, curé de Saint Paul Saint Louis.

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« Une paroisse doit être comme une fontaine au milieu d’un village. »
Ce sont les paroisses qui donnent à la Ville, à l’État et à l’Église. Pourquoi les chrétiens, les citoyens et les citadins croient-ils que leurs paroisses sont subventionnées ?

Les prêtres furent des fonctionnaires jusqu’en 1905 et le sont encore en Alsace Moselle. Les bâtiments ecclésiaux datant d’avant 1905 ont été confisqués (d’autres diraient récupérés) par l’État et les communes en 1905. La société français a laïcisé tout ce que l’Église faisait : école, hôpitaux, prisons, dispensaires, et l’État ne veut pas reconnaître tout ce que l’Église fait et qui pallie ses défaillances – ou le reconnaît du bout des lèvres au niveau local – pour ne pas paraître faillir à sa mission. La laïcité française ne se contente pas de dire que l’État ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte : elle proclame qu’elle n’a pas besoin des cultes. Or, quotidiennement, ceux qui sont habités par une foi se mettent au service des autres, individuellement ou dans des structures ecclésiales, au nom de leur foi. Beaucoup croient que nous sommes subventionnés parce que notre patrimoine est important, un peu comme une vieille dame qui habiterait un deux-cents mètres carrés avenue Foch mais qui n’aurait que mille euros de pension de réversion de son mari décédé, sans autres ressources. On pourrait dire à cette vieille dame « Vendez votre appartement ! » mais pour l’Église tout a été confisqué et n’est plus à nous ! On ne peut ni le vendre ni en tirer des bénéfices tout en donnant une impression de richesse.

L’Église en France est-elle devenue une Église urbaine, où les paroisses des villes sont mieux traitées que les paroisses des champs ?

Le basculement a eu lieu dans les années 30, quand plus de la moitié des Français se sont mis à habiter en ville. La saignée démographique de 14-18, la crise économique des années 30 et les Trente glorieuses ont fait disparaître les campagnes qui se sentent aujourd’hui abandonnées jusque par l’État. Cette migration de la campagne à la ville, couplée aux courants philosophiques existentialistes et marxistes du XXe siècle, puis hédonistes après 1968, a séparé la population de l’Église, ces migrants intérieurs laissant leur foi à la porte du village qu’ils quittaient. En milieu urbain, les familles croyantes ont moins vécu ce déracinement, restant chrétiennes au fil du siècle, proches d’une paroisse qui est restée la leur et dans laquelle ils se sont investis depuis des générations. Nous n’avons plus les moyens humains – de même que l’État ne veut plus prendre les moyens financiers – d’assurer le maillage de la population par des prêtres. Certains diocèses sont à deux doigts d’être fermés faute de ministres ordonnés et d’argent. Nous nous retrouvons dans la situation du Xe siècle, avant que la France ne soit couverte « d’un blanc manteau d’églises ». Une église urbaine, des abbayes et des centres religieux vivants et le désert français. Épuiser les prêtres en leur faisant faire des tournées de dizaines de milliers de kilomètres par an n’est pas une bonne solution. Créer, dans les préfectures et les sous-préfectures, en gros, des paroisses dynamiques où plusieurs prêtres vivent ensemble au service de la population, va devoir s’imposer.

Votre métier de prêtre, c’est d’être un centre d’accueil pour tous, dans un quartier, en fait, et pas juste un animateur culturel réservé aux membres du club ?

Jean XXIII disait qu’une paroisse doit être comme une fontaine au milieu d’un village. J’aime cette image : elle est ouverte à tous ceux qui veulent s’y désaltérer ou à ceux qui meurent de soif. Elle ne s’impose pas, elle se propose à ceux qui en ont besoin et l’eau que nous offrons est la vie : vie corporelle (toit, santé, repas, soins) vie intellectuelle (formation, réflexion, apprentissage) vie spirituelle (prière, sacrements). Pour réaliser ces tâches, de nombreux bénévoles sont au service sans lesquels les prêtres et les diacres ne pourraient rien faire. Mais pour le savoir, il faut franchir les portes des paroisses.

En définitive, vous accompagnez les libertés, vous les éclairez : pourquoi les libres penseurs, ou les tenants d’une certaine laïcité, continuent-ils d’opposer Église et libertés ?

L’inculture religieuse est la plus répandue. Si un journaliste sportif écrivait que le PSG a marqué trois essais transformés, il serait remercié sur le champ. En revanche, certains racontent absolument n’importe quoi en toute impunité sur la foi chrétienne et l’Église. Depuis Michelet et son roman national, enseigné comme la norme absolue de la lecture historique de notre pays, on ne sait plus ce qu’est un prêtre, l’Église, l’enseignement de la foi. Les libres penseurs s’attaquent paisiblement à un moulin à vent alors que la liberté de conscience développée par la foi serait en fait leur meilleur allié contre le totalitarisme musulman. Une certaine gauche s’attaque à l’Église alors qu’elle serait leur meilleur allié dans la dénonciation d’une société d’excès capitalistes et consuméristes qui ne met plus l’homme au cœur de la société. On a projeté à tort sur l’Islam la structure ecclésiale et sa hiérarchie, et aujourd’hui on projette à tort sur l’Église la volonté de domination de l’Islam politique.

En se focalisant sur le corps comme lieu ultime de la foi, Paul VI et saint Jean-Paul II n’ont-ils pas commis une erreur ? Les très vieux manuels de confesseurs s’attardaient beaucoup plus sur le rapport à la richesse que sur la morale sexuelle.

Je suis rentré au séminaire en 1988, il y a 31 ans. Par intérêt et par devoir, j’ai lu et étudié l’enseignement quotidien, le magistère ordinaire comme on l’appelle, de l’Église. Ces milliers de documents, de réflexions, de décisions ne portaient sur la morale sexuelle qu’assez rarement mais c’étaient les seuls qui bénéficiaient d’une recension en raison de l’actualité sociale et affective des 50 dernières années : loi Neuwirth, loi Veil, Sida et préservatif, PACS et mariage gay, théorie du genre, scandales sexuels sur mineurs, homosexualité. Tout le reste de l’enseignement de l’Église en matière sociale, politique, environnementale, culturelle, sur la laïcité et le dialogue interreligieux, l’œcuménisme et la répartition des richesses, tous ces thèmes ne méritaient pas même une recension dans les journaux. Cela nous apprend plus sur notre société obsédée par le sexe que sur l’Église obsédée par les pauvres…

Et, symétriquement, en se focalisant sur les genres et les identités, la société ne commet-elle pas une erreur équivalente ?

On ne sait plus ce qu’est un Homme. L’anthropologie chrétienne a encore beaucoup à apprendre à nos contemporains pour les libérer des mythes prométhéens qui sont toujours un refus du réel.

La Mairie de Paris investit peu dans l’entretien du patrimoine religieux, vous fait payer une taxe de balayage qui est surprenante, ne balaie pas votre perron, ne vient pas à vos cérémonies, ne respecte pas votre statut vis-à-vis des œuvres d’art de votre église… Pourquoi une attitude aussi mesquine ?

Le personnel politique de gauche pense que les catholiques sont un électorat perdu, donc il n’est pas nécessaire de le séduire, et le personnel politique de droite pense que les catholiques sont un électorat acquis, donc il n’est pas nécessaire de le séduire. Les mesquineries quotidiennes d’Anne Hidalgo sont liés au fait qu’elle ne sait pas ce qui se passe dans les paroisses et ne veut pas le savoir. Elle veut changer la ville mais dans cette ville le patrimoine religieux est important et on ne peut pas le faire disparaître. On va pas en plus l’entretenir tout de même ! J’avais ri lorsque j’avais appris que sur la mandature la mairie avait prévu 150 millions d’euros pour le plan piscine dans la ville. Pour la restauration de églises, la ville avait prévu 80 millions d’euros. Mais pour ce qui est des usagers (personnes fréquentant les piscines ou les églises chaque année), leur nombre est identique, 7 millions, à une légère différence près : je ne compte pas les touristes, juste les catholiques pratiquants. Avec les touristes nous arrivons au bas mot à 20 millions de personnes, avec la manne économique pour le tourisme parisien que cela implique. Par ailleurs l’entretien des églises (contrairement à l’entretien des piscines) revient aux paroisses, et non à la ville. L’entretien courant ne leur coûte donc rien. Il s’agit donc de décisions démocratiquement injustes, idéologues et dangereuses pour notre patrimoine.

Vous racontez une histoire délicieuse, celle de cet émigré en situation irrégulière que vous accueilliez et à qui Bernard Cazneuve, venu dans votre église à la suite de l’assassinat du père Hamel, a fait donner ses papiers. Vous dites que c’est le premier miracle du père Hamel ! N’est-ce pas là, aujourd’hui, le rôle principal de l’Église : être charitable, montrer la charité, apprendre la charité ? Et l’État ne devrait-il pas vous faciliter la vie ?

La charité est le cœur de la foi mais le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien. Nous ne voulons pas entrer dans une campagne marketing pour montrer tout ce que nous faisons de bien. Quant à ce que nous faisons mal, d’autres se chargent de le dire. Quand je suis fatigué je reprends cet adage reposant : bien faire et laisser braire.

Et vous, aujourd’hui, pourquoi vous sentez-vous si libre dans une société qui aimerait vous libérer de vos obligations et même de votre foi ?

Je me sens profondément libre parce que j’ai eu la chance – la grâce – de savoir très tôt ce que je voulais faire de ma vie. J’ai eu la chance – la grâce – de comprendre qu’une vie heureuse est une vie donnée. J’ai eu la chance – la grâce – de trouver sur ma route des gens qui m’ont appris et aidé à devenir ce que ma vocation m’appelait à être. Cette liberté, elle vient du Christ et elle est fondée par les obligations de ma foi et de ma charge. Je ne vais pas troquer ma liberté chrétienne contre une liberté d’égoïsme stérile et de caprices enfantins.

Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard

 

Le père Pierre Vivarès vient de publier Notre église est au bout de la rue aux Presses de la Renaissance. 2019, 192 pages, 18,90€.

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