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LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES ATTESTE DE LA FAILLITE DE LA RÉPUBLIQUE

Politique. Le mouvement des Gilets jaunes signe-t-il la fin prochaine de la République ? La question est moins incongrue qu’il n’y paraît. Ce qu’a révélé de façon éclatante ce mouvement, c’est le total discrédit de la démocratie républicaine, et l’inanité de ses principes.

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LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES ATTESTE DE LA FAILLITE DE LA RÉPUBLIQUE

La démocratie républicaine fonctionne grâce à trois éléments constitutifs : les partis politiques, les organisations professionnelles (de salariés et d’employeurs) et les associations à finalité civique ou autre (cultuelle, culturelle, environnementale, sportive, etc.). Or, le mouvement des Gilets jaunes montre que les partis politiques et les organisations syndicales ont perdu tout crédit au sein de la population, que les manifestants fluorescents représentent assez bien (on ne saurait le nier, eu égard à ce qu’ils sont et au soutien populaire massif auquel ils ont eu droit – aujourd’hui en baisse, mais toujours majoritaire), et ne parviennent pas à sortir des limbes en lesquels ils sont tombés. Or, ils sont absolument essentiels – voire consubstantiels – à notre démocratie.

Les partis et les hommes politiques sont le moteur de la démocratie

Et les partis le sont plus encore que les autres. Les partis politiques, et les hommes politiques. Il convient de rappeler ici que les uns et les autres sont des inventions et des pièces maîtresses de la démocratie contemporaine, la démocratie anglaise, issue de la monarchie parlementaire à la fin du XVIIe siècle, la démocratie américaine, née au XVIIIe, et la démocratie républicaine et jacobine surgie de la France révolutionnaire entre 1789 et 1792. Avant 1689 en Angleterre, avant 1789 en France, il n’existe ni parti politique, ni homme politique. Des hommes comme Thomas More, Thomas Cromwell, Buckingham, Strafford, Oliver Cromwell en Angleterre, Suger, Nogaret, Sully, Colbert, Louvois, Fleury, Maupeou, Necker, en France, furent des hommes d’État, souvent affectés à un domaine précis, mais ils ne furent pas des hommes politiques. Ces derniers se réclament d’une idéologie, d’une conception philosophique de l’homme, du monde et de l’histoire, et défendent un projet de société et un programme de gouvernement. Ils mettent en avant des idées et des convictions qui, la plupart du temps, ont une orientation humaniste, là où les grands ministres de la monarchie œuvraient selon les lois de la nécessité, au nom du Roi, institué en son royaume par la volonté de Dieu afin d’en assurer la sauvegarde et la prospérité, et d’y maintenir un ordre régi par une morale chrétienne supra-rationnelle soustraite à toute discussion et imprégnant toute la société. L’homme politique et le parti politique sont les produits d’une société laïcisée et libérale, où les individus ne sont plus intriqués exclusivement dans la sphère d’existence constituée par leur naissance et leur situation sociale (liée à celle-ci), et évoluent dans l’espace public selon leurs désirs, leurs ambitions, leurs centres d’intérêt (lesquels ne se limitent plus à ceux de leur classe d’origine), leurs intérêts particuliers et les aléas d’un ordre économique qui n’a pas la stabilité (ou la lenteur d’évolution) de celui d’autrefois. Les partis et les hommes politiques proposent aux hommes (et aux femmes) des projets de société et des programmes de gouvernement répondant (théoriquement et en gros) à leurs besoins et aspirations, à leur idéal, désormais indépendant de toute morale religieuse, et donc variable suivant les personnes et les classes (et autres groupes sociaux). En une société désormais dépourvue de fondements religieux et moraux indiscutés, et où, par conséquent, les individus, les classes, les groupes divers (économiques et autres) poursuivent leurs propres fins sans égard pour les autres ou la communauté, ils jouent le rôle de guides, d’auxiliaires et de garde-fous, d’intermédiaires entre les intérêts divergents, voire opposés, des uns et des autres ; et, de par la synthèse qu’ils opèrent, des revendications les plus disparates, ils garantissent, vaille que vaille, grâce au jeu du suffrage universel, un minimum de cohésion et de continuité sociales. Ils sont le moteur de la démocratie.

Aujourd’hui oublié, Charles Millon définissait l’homme politique, durant les années 1990, comme un médiateur entre d’une part le citoyen de base et d’autre part le décideur (l’État), lui-même éclairé par le spécialiste et limité, dans son action, par les détenteurs de la puissance économique et les organisations syndicales. Et il déplorait que ce rôle eût pratiquement disparu.

Les partis ont perdu tout pouvoir réel et toute légitimité

Eh bien, si cela était déjà le cas il y a au bas mot vingt-cinq ans, cela n’a fait qu’empirer depuis. Plus exactement, on peut dire que la situation actuelle confirme le diagnostic de Charles Millon. Les Français d’aujourd’hui, plongés dans des conditions d’existence de plus en plus difficiles, sacrifiés à l’ordre économique néolibéral européen et mondialiste, se révoltent directement contre l’État macronien qui représente ce dernier dans leur pays, sans s’en remettre à des partis qui les ont trompés depuis quatre décennies, et qui, de toute manière, ne peuvent absolument pas les aider, dans la mesure même où ils ne pèsent d’aucun poids face aux puissances économiques et financières mues par une logique implacable, et qui se jouent des peuples, des intérêts nationaux et des gouvernements. À l’égard des Français de base comme vis-à-vis de ces puissances, les hommes (et femmes) politiques ont perdu tout pouvoir réel et toute légitimité, et nous assistons à la dilution pure et simple du politique. Il est à craindre que, désormais, notre vie politique se caractérise, non plus par un affrontement entre partis opposés ou entre employeurs et syndicats, mais par un affrontement direct entre l’État et les citoyens, et entre les patrons et les salariés. Cela signifie la fin de la démocratie républicaine. Sous nos yeux, sans que nous en soyons bien conscients, les piliers de la démocratie républicaine s’effondrent. Nos compatriotes n’éprouvent plus le moindre intérêt à l’égard des partis et des hommes politiques, qu’ils ne détestent même plus, tant ils les jugent impuissants et insignifiants. Souvenons-nous que le taux d’abstention atteignit 57% des électeurs inscrits lors de la dernière élection présidentielle. Autrement dit, M. Macron, porté au pouvoir par 66% des suffrages exprimés, n’est que l’élu des deux tiers des 43% d’électeurs inscrits qui ont daigné voter le jour du scrutin. Il n’est d’ailleurs que de constater l’état de déliquescence des partis. Également impuissants à infléchir le cours des choses, tous prisonniers de la logique infernale du nouvel ordre économique mondial, tous condamnés à poursuivre la même politique, contraire aux intérêts vitaux de nos compatriotes, tous pareils et interchangeables, ayant tous répudié leurs convictions propres pour se replier sur les « valeurs de la République », les « Droits de l’Homme » et l’attachement à une société libérale-libertaire frelatée, ils ne représentent plus rien. Il n’est que de considérer les noms insignifiants, insipides et passe-partout qu’ils se donnent : La République en marche, Les Républicains, Rassemblement national, Les Patriotes, Debout la France, La France insoumise. Nous assistons à la mort des idées, des convictions, des valeurs (sauf les « valeurs de la République », bien entendu), et à la mort du politique. Il est à craindre que les prochaines élections (les européennes, puis les autres) se traduisent par des scores phénoménaux d’abstention, ou des listes aussi nombreuses que disparates, qui émietteront l’électorat, ou par des listes anarchiques de Gilets jaunes (ou de Stylos rouges ou de Bonnets rouges). Bref, c’est la République elle-même qui vacille sur ses bases.

Les foulards rouges, forces vives de La République en Marche !, défilent triomphalement.

Le système républicain est arrivé dans l’impasse où devaient le mener ses principes mêmes

C’est le système républicain lui-même qui est implicitement récusé à travers le mouvement des Gilets jaunes (qui ne veut décidément pas s’arrêter) et l’exigence de l’instauration d’une procédure de référendum d’initiative citoyenne, qui est, de fait, la récusation du fonctionnement actuel de la démocratie. Cette exigence référendaire est présentée, par ses partisans, comme la régénération et l’approfondissement de la démocratie républicaine, mais elle n’en est pas moins, en réalité, son rejet, et elle ne pourra pas la sauver (à supposer qu’elle soit satisfaite). En réalité, elle force la république, d’origine révolutionnaire et d’essence collectiviste, à aller jusqu’au bout de sa logique, et à tenir effectivement ses promesses de démocratie absolue, de justice parfaite et d’égalité intégrale et effective (et non pas seulement théorique et juridique). C’est oublier qu’une telle démocratie idéale ne peut advenir et durer, que la république actuelle n’écorne ou ne viole (suivant les circonstances) ses principes que dans la mesure où elle ne peut pas faire autrement (sous peine de plonger le pays dans le plus grand marasme), et qu’un système politique en lequel un État ou un gouvernement ne pourrait prendre que des mesures approuvées par le suffrage universel se verrait incapable de tenir longtemps et d’œuvrer dans l’intérêt général de nos compatriotes. Il suffit d’ailleurs d’en imaginer le fonctionnement pour comprendre cela.

En définitive, c’est bien la démocratie républicaine elle-même qui, à la faveur de cette contestation des Gilets jaunes, atteste de l’impasse en laquelle elle se trouve, et où ses propres principes et sa propre logique ne pouvaient que la mener.

 

 

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