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L’autoritarisme du président Xi réglera-t-il les problèmes structurels ?

Chine. L’essor de la Chine n’est qu’un rattrapage mécanique. Mais alors qu’elle est presque au niveau des économies occidentales, son déficit démographique, ses problèmes structurels et la tentation maoïste de Xi constituent de sérieuses menaces pour le prétendu modèle chinois.

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L’autoritarisme du président Xi réglera-t-il les problèmes structurels ?

Nous avons vu dans l’article précédent (Politique Magazine n°176, « La croissance chinoise : miracle ou trompe-l’œil ? ») que la croissance officielle chinoise s’expliquait d’une part par un rattrapage d’autant plus vigoureux que le pays partait d’un niveau extrêmement bas, et d’autre part par le gonflement statistique de ces performances. Mais nous entrons dans une nouvelle phase où l’effet rattrapage sera moins puissant par épuisement des réserves démographiques et d’imitation des pays plus avancés. Par ailleurs des problèmes structurels, comme la pollution, deviennent de plus en plus gênants. Le président Xi pense y faire face par un contrôle accru de la société et un volontarisme économique, plutôt que par les réformes libérales qui semblaient nécessaires à ses prédécesseurs.

Vers la fin du rattrapage

Le rattrapage n’a qu’un temps. D’une part il faut se lancer dans un effort de recherche et de développement, ce qui est plus coûteux que l’imitation. D’autre part les très réels progrès des salaires, encore accentués par la diminution du nombre des jeunes adultes, ont suscité la concurrence de nouveaux « pays ateliers » à bas salaire, comme le Vietnam ou l’Éthiopie. De plus le rattrapage est également menacé par l’épuisement des réserves démographiques ICI.

En effet, Mao s’étant affolé de la croissance rapide de la population chinoise avait instauré l’obligation de l’enfant unique. Cet objectif a été presque atteint pendant plusieurs décennies moyennant une ingérence totalitaire dans la vie privée des couples. Or il a été fixé trop bas, car un enfant par famille signifie non seulement que la population est divisée par deux à chaque génération, mais que le nombre de vieux deviendra plus élevé que celui des actifs. On allait donc vers une production en baisse, à productivité constante, et vers des problèmes de retraite insolubles. Le gouvernement tarda néanmoins à changer de cap. C’est maintenant fait, mais trop tard ! En effet un éventuel relèvement de la fécondité n’apporterait de nouveaux actifs et de nouveaux parents que dans 20 à 30 ans.

Or, malgré la liberté retrouvée, le taux de fécondité reste très inférieur à 2 (les chiffres fournis divergents selon les sources). D’ici 2050 la population d’âge actif devrait décroître de 250 millions, entraînant une chute de l’immobilier et les difficultés de production. Le nombre des plus de 60 ans montera à un quart de la population dès 2030. Il faudrait donc, comme en Europe, relever massivement l’âge de la retraite (60 ans pour les hommes, 50 pour les femmes). Mais pour l’instant, le pouvoir veille à ne pas prendre de décisions désagréables.

La dette et la chute de la productivité

La contrepartie des investissements inutiles ou sous–utilisés est bien entendu un endettement à tous les niveaux et la masse de ces créances douteuses devrait finir par apparaître dans les statistiques officielles de croissance, sauf à leur faire perdre toute crédibilité. La dette dépasse 260 % du PIB, contre 140 % avant la crise de 2008, soit largement plus que les États-Unis, la zone Euro ou le Japon. Or le maintien en vie des industries vieillissantes ou en surcapacité diminuera la productivité de l’ensemble de l’économie et sa capacité à rembourser les dettes.

La pollution nourrit la contestation

La pollution de l’air, des sols et de l’eau est dramatique. On a paré au plus pressé en éloignant les industries les plus polluantes de Pékin, où l’air reste néanmoins cinq ou six fois plus pollué qu’à Paris. Les « villages du cancer » se multiplient. La contestation grandit, à la campagne avec des milliers de conflits chaque année contre des pollutions localisées, et dans les métropoles, avec les manifestations géantes de Xiamen en 2007, Dalian en 2011 et Ningbo en 2012. Or, si la pollution diminue nettement en Occident, et si elle a brusquement chuté en Europe orientale après la chute du mur, c’est parce que la démocratie ne permet pas aux responsables, et notamment aux maires, d’être réélus si elle dure. Faute de démocratie, la Chine empoisonne toute la planète.

Le retour à un certain maoïsme

Mais l’accession du président Xi à un pouvoir autoritaire, qui vient d’être prolongé, va accentuer le blocage politique et donc intellectuel en cours : il faudra être de plus en plus professionnellement créatif au fur et à mesure de la fin du rattrapage et du renversement démographique, tout en restant passif politiquement. Il faudrait notamment ne retenir des contacts avec l’étranger que l’aspect strictement technique, et non la liberté de documentation, de discussion et de recherche. Bref, comme c’est souvent répété : « Ouvrir la fenêtre sans faire entrer les mouches ». Le pouvoir est tout à fait conscient de la croissance ralentie de la productivité et tente d’y faire face de plusieurs façons. D’abord en aidant les secteurs qui se sont développés en Chine en même temps qu’en Occident, tels les nombreux usages d’Internet, où le niveau des entreprises est équivalent et l’effet de masse plus important. Il pousse notamment à la formation massive d’ingénieurs et à la robotisation. Le principe est bon, mais commence à susciter des réactions occidentales, notamment en matière de rachat de firmes de haute technologie par des entreprises chinoises « privées », en fait encouragées et subventionnées par le pouvoir.

Un autre moyen a été la forte pression du pouvoir sur les pays étrangers pour implanter de « nouvelles routes de la soie ». Elles suscitent des réserves de ceux qui craignent une ingérence chinoise dans leurs affaires intérieures, et l’appétit des autres de se voir offrir des infrastructures (moyennant, en général, un endettement envers la Chine). Mais le gouvernement y voit aussi à court terme le moyen de soutenir ses industries en surcapacité (aciers et panneaux solaires notamment), donc la productivité nationale, par un meilleur emploi des investissements passés et un moindre endettement des entreprises concernées.

On retombe alors sur notre remarque précédente : comment faire tout cela en limitant les cerveaux chinois en contact avec l’extérieur à un fonctionnement uniquement technique et non culturel ou politique ? Les Chinois répètent qu’ils veulent éviter l’erreur de Gorbatchev qui a fait s’écrouler son régime en le libéralisant intellectuellement. L’heure est donc au blocage. D’où la pression sur les universitaires et l’incarcération préventive de tout éventuel contestataire, la censure des maisons d’édition étrangère, la réécriture de l’histoire en modifiant les archives à l’occasion de leur numérisation et le retour de l’encadrement des entreprises par le parti. Il est vivement recommandé à ces dernières, étrangères comprises, d’accueillir des cellules politiques et de suivre leurs recommandations. Enfin la recherche d’un contrôle social par la reconnaissance faciale, et l’attribution d’une note de confiance à chaque individu va dans le même sens. Les expérimentations locales dans ce domaine progressent vite et leur généralisation est prévue autour de 2020.

Des contradictions qui s’approfondissent

Résumons : quand le retard diminue, le modèle s’essouffle, comme au Japon. Mais à un niveau de développement très inférieur à celui de ce dernier pays, une démocratie libérale. S’y ajoutent les problèmes démographiques, d’endettement et de pollution qui auront un coût économique, humain ou politique important. Le pouvoir les masque en affichant une croissance de 6,6 % en 2018. Mais il déclare parallèlement qu’il prend d’importantes mesures de relance, ce qui fait penser que ce 6,6 % est largement gonflé.

Le pouvoir est conscient de la menace sur la productivité, dont la croissance était automatique du fait de la transformation des paysans en ouvriers, mais il impose en réaction un pilotage de plus en plus autoritaire. Et, sur le plan psychologique, il alimente un nationalisme de plus en plus agressif, pour détourner des autres problèmes. Du moins jusqu’en 2018 où cette agressivité a baissé d’un ton suite à l’offensive protectionniste du président américain. Mais l’armée voit toujours ses moyens se renforcer rapidement et la Marine a annexé de fait la mer de Chine du Sud, au détriment de ses autres riverains.

Si l’on passait vraiment en économie de marché, une partie des blocages sauteraient. Mais est-ce possible sans démocratie ? Notons que c’est le desserrement progressif de la poigne maoïste du parti qui a apporté le progrès aux Chinois. La voir se refermer n’est ainsi pas rassurant. Bref glaciation ou ouverture ? L’URSS a connu successivement les deux, et a disparu. Xi le sait et préfère la glaciation.

Par Yves Montenay

Instruit par la glasnost et la perestroika, Xi ne veut pas dissoudre le PC dans la croissance.

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