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La Chine m’inquiète

Analyse. Il n’est pas de jour où la Chine ne marque des points. Ses fragilités sont connues ; mais elle garde à sa disposition tous les ressorts de ses progrès continus qui la poussent à dominer partout où elle peut.

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La Chine m’inquiète

Fin 1978, quand Deng Xiaoping assuma le pouvoir en Chine. Il décida de débarrasser l’Empire du maoïsme, en mettant en place un plan ambitieux pour ouvrir et libéraliser l’économie chinoise. Parallèlement il opérait un rapprochement spectaculaire avec les États-Unis et avec l’Occident en général. Ce fut un considérable succès : la Chine devint l’atelier du monde, la deuxième puissance économique mondiale et un acteur international incontournable. Malgré le drame de Tien An Men en 1989, le contrôle du pays par le parti communiste restait total. La chute de l’URSS deux ans plus tard devait convaincre les dirigeants chinois de la justesse de leur stratégie : libéraliser l’économie mais ne relâcher en rien le contrôle du Parti sur le pays – exactement le contraire de ce que tenta Gorbatchev –. Pragmatiques, les dirigeants chinois tenaient plus à la réalité du pouvoir et à l’enrichissement qu’il permet, qu’à la pureté idéologique.

La Chine gagne

Disons-le : cette nouvelle orientation fut accueillie en Occident avec la plus grande satisfaction. Tien An Men ou les atteintes permanentes aux droits de l’Homme ne pesaient pas lourd face aux échanges commerciaux qui se développaient de façon explosive. Certes, la Chine éliminait des pans entiers des industries occidentales, mais cette évidence ne gênait pas la doxa libérale : Pékin exportait du bas de gamme, l’Occident lui vendait du haut de gamme ! Les importations de Chine convenaient aux chaînes de grande distribution, elles maintenaient les prix bas, ce qui convenait aux politiques. Le chômage qui en résultait n’était tout simplement pas pris en compte par les élites occidentales. D’autre part, on faisait remarquer, justement d’ailleurs, qu’en 1800 la Chine réalisait un tiers du PNB mondial, 1% seulement en 1914, pour avoir raté la Révolution industrielle. Au fond, on assistait à un rattrapage.

La politique extérieure et militaire chinoise faisait l’objet du même type de rationalisation optimiste : la Chine souhaitait simplement, disait-on, assurer sa sécurité face à la Russie, et jouer un rôle régional en Asie du Nord-Est. Taïwan en ferait probablement un jour les frais, mais après tout Washington ne reconnaissait plus son gouvernement depuis le 1er janvier 1979, et cette situation laissait (et laisse) tout le monde très froid.

Dans ce cadre, et après tout, l’Occident pouvait parfaitement vivre avec la Chine de Deng Xiaoping. Mais voici que cette Chine est en train de connaître une importante évolution, sous l’impulsion du président Xi Jinping : en octobre dernier, le Congrès du Parti a décidé d’inscrire dans ses statuts la « théorie du socialisme à la chinoise à l’époque actuelle ». Xi Jinping a réussi : il voit son nom figurer dans les statuts du Parti, de son vivant et alors qu’il est au pouvoir ! Il y a un seul précédent : Mao Tsé Toung lui-même. On assiste en fait à une reprise en mains du pays par le Parti, sous la conduite d’un homme de toute évidence plus marqué par l’idéologie que ses prédécesseurs.

9 novembre 2017, Donald Trump et Xi Jinping conversent dans le Grand Hall du Palais du Peuple à Pékin.

9 novembre 2017, Donald Trump et Xi Jinping conversent dans le Grand Hall du Palais du Peuple à Pékin.

Vers la domination mondiale

Ce nouvel empereur paraît se départir du pragmatisme prudent de ses mêmes prédecesseurs également en politique extérieure : en 2050 la Chine, grâce à ses progrès dans tous les domaines, devra assumer un « leadership mondial ». Tout y concourt : l’augmentation régulière des capacités militaires d’abord, et qui vise clairement, par les matériels et exercices que l’on observe, à assurer, outre le contrôle de la Mer de Chine, celui de l’Océan indien et du Pacifique occidental – Pékin se dotant des moyens nécessaires pour empêcher les Américains, le cas échéant, d’intervenir avec leurs groupes de porte-avions.

Mais aussi l’augmentation des capacités scientifiques et techniques : que ce soit dans l’aéronautique, le nucléaire, le spatial ou l’informatique, les performances chinoises ont franchi un seuil capital dans ces dernières années. L’image de « l’atelier du monde » dans le bas de gamme, mais dépendant de l’extérieur pour le haut de gamme, est de moins en moins pertinente.

De plus,Pékin a lancé le programme de « la Nouvelle Route de la Soie » : il s’agit de développer des infrastructures de transport de toute sorte entre la Chine, l’Asie Centrale, la Russie, l’Europe, l’Afrique. Cette politique s’accompagne d’investissements dans des ports et aéroports, des plateformes multimodales, des mines, des usines, des terres agricoles. Il s’agit d’une politique intégrée, volontariste, tirant profit de l’ouverture de nos sociétés, mais sans être gênée en Chine même par la concurrence ou une opposition politique ou sociale quelconque.

Le cas de l’Afrique est particulièrement impressionnant : pour exploiter des terres agricoles et des mines, dont Pékin absorbe les productions de façon toujours plus insatiable, non seulement les ingénieurs et le matériel viennent de Chine, mais aussi les ouvriers, pour lesquels on construit de véritables villes. Il s’en suit d’ailleurs une forte prédominance chinoise pour certaines matières premières comme les terres rares, indispensables au développement des produits électroniques.

En Europe, les rachats d’entreprises commencent à faire froncer les sourcils : récemment, l’Allemagne n’a pas apprécié de voir l’un de ses principaux fabricants de machines-outils racheté par une société chinoise. Les ambitions de la Chine paraissent aller beaucoup plus loin qu’un leadership régional. Elle s’affirme comme un contre-modèle sur le plan international : un modèle de développement efficace qui peut intéresser les pays émergents ; un chef de file pour un monde multilatéral, en accord avec la Russie, contre les tendances unilatéralistes de Washington ; et un contre-modèle culturel, avec le réseau des Instituts Confucius, en plein développement et déjà influent (par exemple au sein des universités américaines). Pendant ce temps l’accès des Chinois à la Toile est sévèrement contrôlé : ils ne peuvent se connecter qu’avec des serveurs nationaux.

Que faire ? Qu’y faire ?

Soyons lucides : la Chine n’est ni la seule ni la première à pratiquer ce genre d’expansion ciblée de son soft power. Ses tendances s’appuient sur une série de déséquilibres : déséquilibre commercial, que les chiffres démontrent, déséquilibres juridiques, les sociétés étrangères ne pouvant pas acquérir des biens en Chine et la propriété intellectuelle des firmes étrangères n’étant pas respectée : l’Organisation mondiale du Commerce n’a pas de pouvoirs dans ce domaine. D’une façon générale, on accuse le président Trump de remettre en cause le multilatéralisme dont les États-Unis étaient le pilier depuis 1945. Certes. Mais il a raison sur un point : Pékin a subverti le multilatéralisme ou, en tout cas, en a abusé, dans le sens de ses intérêts.

Et, bien entendu, la Chine profite mécaniquement de l’affaiblissement relatif de l’Occident. Les bouleversements économiques et sociaux que la mondialisation a provoqués, dont la Chine a profité, ont conduit à de profondes divisions au sein des pays occidentaux et entre eux : l’élection de Donald Trump, le Brexit, les élections récentes en Allemagne et en Italie…. L’Occident est désuni, et le président Trump lui-même hésite : il annonce des augmentations drastiques de droits de douane contre certains produits chinois, pour rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire, puis il y renonce pour y revenir de façon à forcer les Chinois. En effet, la Chine détient un pourcentage considérable des bons du Trésor américain, et elle est incontournable dans la gestion de tous les problèmes actuels, de la Corée à l’Iran.

Quant à l’Union européenne, elle se divise. En juillet, onze de ses membres – en particulier les Baltes, la Pologne, la Hongrie – vont tenir une réunion au sommet en Bulgarie avec les Chinois et les cinq pays des Balkans actuellement candidats à l’Union européenne. Un premier sommet « 16+1 » avait eu lieu en novembre à Budapest. Pékin propose de financer toute sorte de projets en Europe. Bruxelles craint une division de l’Union, et que les Chinois ne se servent de ces sommets pour contourner les règles du Marché unique et, en particulier, les dispositions que la Commission prépare pour mieux contrôler les investissements étrangers.

Pour se justifier les Seize font remarquer que Londres, Berlin ou Paris connaissent bien le chemin de Pékin. C’est excessif. Certes, Mme Merkel en revient tout juste : elle s’y est rendue onze fois depuis qu’elle est chancelière ! La Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Allemagne.

Le président Macron s’est rendu en Chine en janvier ; il s’est montré nettement plus réservé, et il plaide pour un meilleur contrôle des investissements chinois. Et il est allé aussi en Australie, à qui nous vendons des sous-marins à haute capacité, et où l’on s’inquiète particulièrement du dynamisme chinois. Il est vrai que la Chine n’est que le huitième client de la France, mais son deuxième fournisseur. Là aussi, malgré les incantations, la France et l’Allemagne divergent. Une raison de plus de s’inquiéter.

Xi Jinping et Tomislav Nikolic, président de la Serbie, en juin 2016 à Belgrade. La Chine propose ce que l'UE est bien incapable de proposer.

Xi Jinping et Tomislav Nikolic, président de la Serbie, en juin 2016 à Belgrade. La Chine propose ce que l’UE est bien incapable de proposer.

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