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L’AVENIR INCERTAIN DE L’ALLIANCE ATLANTIQUE

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L’AVENIR INCERTAIN DE L’ALLIANCE ATLANTIQUE

L’Alliance atlantique va mal. Le diagnostic n’est peut-être pas « l’encéphalogramme plat » dénoncé par le président de la République, mais certainement la perte de sensibilité aux extrémités, les mouvements incoordonnés et l’affaiblissement cognitif. Les États-Unis viennent d’annoncer le retrait de 12 000 soldats d’Allemagne. Cette nouvelle provoque beaucoup d’agitation, encore que la mise en œuvre ne soit pas immédiate. En outre une partie des troupes sera relocalisée en Pologne ou d’autres pays d’Europe de l’Est. Le plus frappant est sans doute que les deux grands commandements américains pour l’Europe (Eurocom) et pour l’Afrique (Africom) vont quitter Stuttgart, avec leurs considérables réseaux de communication et autres installations techniques. Certes, ces deux commandements régionaux relèvent de Washington et pas de l’OTAN, l’organisation militaire de l’Alliance atlantique. Mais leur départ signifie que l’Europe occupe désormais une position moins centrale dans la vision stratégique américaine. Ceci dit, à l’heure actuelle, satellites, drones, moyens informatiques sophistiqués de la guerre cybernétique comptent plus que les lourds régiments blindés stationnés en RFA qui devaient contrer les Soviétiques dans la trouée de Fulda.

D’autre part, deux des membres de l’Alliance, la Grèce et la Turquie, sont à couteaux tirés, actuellement c’est à propos des réserves pétrolifères de la mer Egée. Mais ce fut toujours le cas depuis leur accession en 1952 (à la même heure, à la même minute, à la même seconde, tant on avait peur sinon qu’ils entraînent tout de suite l’Alliance dans un conflit). Plus nouveau en revanche et fâcheux le récent affrontement entre la frégate Courbet et des navires turcs, au large de la Libye, qui l’ont « illuminée » avec leurs radars de tir, ce qui est la dernière phase avant l’attaque. La Turquie soutenant le gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU, et la France ses adversaires …

Mais ce n’est pas le plus grave pour notre sujet : l’Alliance atlantique est relativement souple et ne comporte pas de clause d’assistance militaire automatique à l’égard d’un membre victime d’une agression, à la différence du soutien politique et économique qui est, lui, obligatoire (l’assistance militaire est en fait facultative, selon l’article V). Elle est devenue, très largement d’ailleurs depuis le début du siècle, une alliance à géométrie variable, regroupant certains de ses membres pour des opérations données et mettant à leur disposition des moyens propres à l’OTAN (communications, avions-radar, etc.). Éventuellement leur fournissant une couverture juridique au nom de la sécurité collective, même si l’ONU n’est pas impliquée. Ceci dit, toutes les décisions ou prestations de l’OTAN en tant que telle sont soumises à l’accord unanime des membres de l’Alliance, ce qui peut poser problème (par exemple la Turquie refuse depuis 1996 les accords de défense que l’Union européenne cherche à conclure avec l’OTAN, accords dits « Berlin-plus », par lesquels ses membres voudraient faire progresser un « pilier européen » au sein de l’Alliance). Mais le plus grave concerne l’évaluation de la menace principale : est-ce toujours la Russie ? Est-ce désormais la Chine ?

L’« instinct pétrifié » de l’OTAN reste fixé sur la Russie

Bainville évoquait l’« instinct pétrifié » qui poussait la France à considérer au XVIIIe siècle la Maison d’Autriche comme son adversaire principal, comme depuis le XVIe siècle, alors que la menace prussienne devenait prépondérante. C’est ce qui se passe en ce moment à l’égard de la Russie : les réunions du Conseil atlantique et la planification de l’Alliance la considèrent toujours comme la menace principale. C’est l’habitude, c’est le plus petit commun dénominateur, et d’autre part les nouveaux membres de l’Alliance, ex-satellites de Moscou, y tiennent absolument. Ceci dit les activités russes en Ukraine, les thèmes des manœuvres de l’Armée russe, les vols de ses bombardiers autour de la Grande-Bretagne, les pratiques de désinformation à grande échelle ou de pénétration des réseaux informatiques, voire des agressions à l’encontre d’opposants au régime vivant en Occident, maintiennent une forte tension, qui ne relève pas uniquement de l’« instinct pétrifié ».

D’autre part si la France ne prend pas en compte le problème russe dans les enceintes européennes et atlantiques, elle n’aura aucune chance de faire valoir ses préoccupations en Afrique. Ceci dit, la stratégie implique des choix, et les priorités peuvent évoluer. C’est ainsi qu’on peut se demander si Washington ne cherche pas plutôt désormais, malgré ou peut-être au moyen de ses tensions avec Moscou, à introduire un coin entre la Russie et la Chine, comme les Américains l’avaient fait, mais dans l’autre sens, dans les années 1970. Certains observateurs en tout cas relèvent cette éventualité.

La Chine divise les Occidentaux

Les États-Unis considèrent désormais la Chine comme leur adversaire principal, économique, technologique et stratégique. Cette réorientation avait d’ailleurs déjà commencé du temps du président Obama. C’est bien le seul point sur lequel tout le monde est d’accord, des experts à l’opinion publique en passant par les différentes instances officielles. Et sur ce point Joe Biden et les Démocrates sont sur la même ligne que Donald Trump et les Républicains. C’est donc devenu l’un des rares invariants de la politique américaine.

Les Britanniques, les Canadiens, les Australiens et les Néo-Zélandais sont sur la même position. Les cinq pays, qui collaborent étroitement en matière de sécurité et de renseignement, sont donc d’accord.

Les Européens sont beaucoup plus réticents à considérer la Chine comme un adversaire. En tout cas ils sont divisés. En Allemagne la discussion est très vive à ce sujet, on a besoin de la Chine comme débouché mais certains redoutent sa mainmise croissante sur les hautes technologies et ses rachats de sociétés allemandes de pointe. Début août, un éditorial de la Frankfurter Allgemeine Zeitung soulignait que pour les « valeurs » l’Allemagne était proche des États-Unis, mais que ses intérêts économiques la poussaient vers Pékin. Crucifiante situation ! Même si je suis convaincu qu’à long terme l’intérêt économique de l’Allemagne et de l’Europe n’est pas de s’aligner sur Pékin.

On aurait pu penser que la crise de la Covid-19 auraient encouragé les Européens à relocaliser une partie de leur production et à revoir leurs relations avec Pékin, mais les premières réactions que l’on peut observer, outre le manque de capitaux disponibles que la crise va provoquer, me paraissent rendre cette hypothèse moins crédible. Un rééquilibrage de l’économie européenne vers les deux Amériques et l’Asie non chinoise me paraît problématique, et la contradiction soulignée par la FAZ risque de peser de tout son poids dans la période qui s’ouvre. D’autant plus que les capitales européennes sont beaucoup moins sensibles que Washington aux problèmes posés par la montée de la puissance chinoise, de la mer de Chine à Taïwan sans oublier les confins entre la Chine et l’Inde, toutes régions où les tensions et risques de conflits s’accumulent.

L’idéal serait que l’Union européenne, tout en restant solidaire des États-Unis devant la nouvelle menace, ait une personnalité suffisamment affirmée pour pouvoir jouer un rôle de modérateur, comme elle fit à plusieurs reprises entre Washington et Moscou pendant la Guerre froide. Mais je n’y crois guère : la crise a entraîné à Bruxelles, dans le programme financier récemment adopté, la quasi suppression des maigres crédits accordés à des programmes de défense européens, la montée des Verts peut conduire à une baisse drastique des budgets militaires (comme on vient de le voir en Autriche). À mon avis, l’Alliance atlantique survivra, mais essentiellement comme une réassurance face à Moscou : les choses importantes du XXIe siècle risquent fort de se passer ailleurs.

La France quant à elle n’a aucun intérêt à la disparition de l’Alliance atlantique, étant donné ses problèmes de sécurité de l’Europe au Pacifique en passant par l’Afrique. Mais celle-ci lui servira surtout à maintenir un contact bilatéral avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, contact essentiel pour beaucoup de nos opérations, et un forum et un lien stratégiques avec ses partenaires européens, dont l’Allemagne, en l’absence, pour longtemps sans doute, d’une véritable défense européenne. En particulier la très nécessaire collaboration de sécurité avec l’Espagne et l’Italie face aux problèmes au Sud de l’Europe ne peut pas trouver en ce moment, à mon avis, de meilleur cadre que le cadre atlantique.

 

Illustration : Pendant que Xi Jinping purge son administration, met Hong-Kong sous sa coupe, menace Taïwan, annexe la mer de Chine et persécute ses opposants, l’Union européenne se tâte : ne vaudrait-il pas mieux ferrailler contre Poutine qui ne présente aucun risque médiatique ?

 

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